Nous n’avons pas de catégorie expérientielle désservant le décès de quelqu’un. On a l’absence, la distance, mais pas la mort. On se résigne consciemment au fait qu’on ne verra plus jamais la personne [le « jamais » c’est déjà flou ], et qu’elle n’existe plus, mais on n’a aucun ressenti inné pour cette catégorie, juste le regret, ce qui se dérive plutôt de l’absence que de la non-existence — qu’on ne comprend que chez les objets, pas chez les êtres animés. Reste seulement l’oubli. Mais jamais l’appréciation de la mort, l’inexistence. C’est encore une fois notre célèbre animisme : Une conscience, comment peut-elle ne plus être ? Elle n’est pas physique, matérielle. C’est pour ça qu’il y a le culte des ancêtres. Et c’est ça la provenance de l’idée biscornue de l’âme immortelle et de tous les plaisirs (croisades, inquisitions, djihads) qui en sont l’issue.